lundi 1 février 2016

Dimension Moyen-Âge, de Collectif


Mon avis:

Dans la préface, Meddy Ligner, responsable de l’anthologie rappelle qu’il s’agit d’un troisième opus historique chez Rivière blanche, puisque ce volume « Dimension Moyen âge » a été précédé par « Dimension Antiquité » et « Dimension Préhistoire ». 


A cette préface succède un article de Lucie Chenu, riche et intéressant intitulé «  le merveilleux médiéval entre Histoire et Imaginaire » . Complet, il reste tout de même accessible, même aux non historiens, tout comme moi (je peux donc juger très facilement, vu mon médiocre niveau). Elle pose les jalons importants, en insistant sur l’influence de la foi, des croyances et légendes et propose des références pertinentes pour les différents genres qu’elle évoque:
- le roman gothique
- le roman historique, teinté de surnaturel
- les voyages dans le temps
- la fantasy
- les légendes arthuriennes 
- le roman historique moderne
- SF et uchronie
- Et un savant mélange des genres…
Il s’agit au final d’un Moyen âge fortement fantasmé et qui, nous le rappelle Lucie Chenu, connaît un revival avec l’évolution de l’image que l’on s’en fait à l’heure actuelle, et cela pour notre plus grand bonheur !
Cet article apporte un éclairage sur les nouvelles correspondant aux différents genres, mais j’y reviendrais plus longuement ensuite.

Le recueil clair et organisé permet une entrée en lecture avec des repères précis. La préface et l’article cité y contribuent, mais également une présentation unifiée pour chaque nouvelle : présentation de la nouvelle et circonstances de l’écriture ou de la publication (certaines nouvelles ont été écrites spécifiquement pour le recueil, d’autres y ont trouvé leur place sans lui être spécifiquement destinées, d’autres encore constituent le passage d’un roman, un chapitre pouvant être lu indépendamment), puis la nouvelle est suivie d’une présentation de l’auteur. A noter, que ces nouvelles ont été placées selon un ordre chronologique, permettant de les situer les unes par rapport aux autres et c’est fort appréciable pour le lecteur.

Que la touche qui teinte la nouvelle soit plutôt fantastique ou SF, plus ou moins importante, les repères historiques restent dans chaque nouvelle omniprésents. L’intrigue et l’atmosphère empreintes de l’influence moyenâgeuse, quel que soit le lieu où se déroule le récit (car le recueil nous fait voyager dans bien des lieux et pays) prennent souvent le dessus sur le personnage principal. Même si celui-ci y joue bien sûr un rôle primordial, il se plie aux exigences et croyances historiques. En non historienne, j’ai ainsi pu enrichir mes connaissances, baigner dans une période intéressante et riche d’enjeux et de croyances, où la religion et les conflits la concernant sont nombreux. Quelques textes abordent d’ailleurs de manière détaillée les croisades. La richesse des descriptions, de l’atmosphère proposée, les intrigues qui se développent autour du thème imposé, tout en gardant leur originalité par leur touche d’imaginaire, entraînent le lecteur et les rendent agréable à la lecture, même pour les non initiés. 

Comme dit précédemment, la touche d’imaginaire reste en marge, plus ou moins discrète selon la nouvelle, mais aussi de natures différentes.
Certaines jouent sur l’aspect surnaturel, sur les croyances, telle « L’ours de Jess Khan » qui reprend la légende de St Vaast et de l’ours, « Chamane » de Fabien Clavel qui évoque donc le chamanisme, « l’envol écarlate » qui reprend des croyances nordiques, « Daffyd ap Sais »  s‘appuyant sur une source galloise relate un combat qui doit se poursuivre jusqu‘à la fin des temps et « les chevaliers chiens »   de Pierre Stolze évoque une malédiction punitive.
Certaines évoquent la religion et les croisades comme dans « la dernière croisade » de Jean Pierre Andremont, d’autres remettent clairement en cause la religion tel « Je suis venu fermer la boutique » de Pierre Olivier May ou « vivre et mourir à Palerme » de Rachel Tanner où Frédéric II haï par l’église trouve l’aide de Merlin. Dans « Le geste du Joker de l’archange Gabriel » de Meddy Linner, Dieu et l’archange s’adonnent sans scrupules à des « jeux de guerre ».
Quelques nouvelles s’appuient plus sur la SF et jouent sur la temporalité : « Droit de passage » de Jean Michel Calvez propose une connexion temporelle entre passé et présent (deux situations parallèles se faisant écho, bien que séparées par des siècles, « La dernière croisade » propose un voyage dans le temps à son personnage, qui va finalement changer le cours du temps, avec les conséquences qui en découlent, et dans « Symbiose » d'Antoine Lencou, des savant redonnent « vie » à Charles Martel et ses proches afin de connaître leurs données historiques, quelques siècles après les faits. 
Deux nouvelles s’éloignent de ces sujets par leur singularité : Agnes Marot a décidé d’aborder l’amour Courtois dans « Les amants du temps perdu » où un homme visitant les ruines d’un château est investi des événements passés et tragiques touchant deux amoureux. La touche surnaturelle y est légère.
Dans « De l’origine des espèces nouvelles », l’esprit SF est par contre très présent. Le personnage principal y est un mystérieux buste doté d’une tête parlante et qui raconte une histoire des plus surprenantes.

Les nouvelles du recueil, bien que diverses selon l’axe ou le sujet choisis, proposent toujours un style fluide, efficace et une intrigue cohérente. Toutes sont développées de façon à faire voyager le lecteur à travers le temps et l’espace, possèdent leur charme propre. Très subjectivement, on peut préférer certaines à d’autres, mais on ne peut nier leur qualité, ce qui fait de l’ensemble un recueil riche, diversifié et intéressant à la lecture.

Je remercie Au cœur de l’Imaginarium  et Rivière Blanche pour cette découverte agréable, intéressante et enrichissante.

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